Des vasières à
perte de vue dans la lumière des contre-jours d'hiver.
La mer s'est maintenant retirée très loin laissant à découvert de jolis ruisseaux qui serpentent vers l'intérieur des terres.
Les herbiers et autres lavandes de mer forment un tapis autour duquel aigrettes, foulques et autres chevaliers viennent picorer (voir mon article "à la rencontre des oiseaux").
Des étendues de varech apparaissent le long de la pinède qui borde la grève.
Ma curiosité me pousse à me détourner du chemin que j'ai emprunté à travers les pins à la recherche d'un instant, d'un sujet particulier qui captera mon
attention.
Un vanneau huppé les pattes dans la vase semble ici trouver son bonheur entre les flaques d'eau !
Dès la marée basse, la rivière Le Vincin apparaît venant de Vannes laissant aux bateaux à l'abri à leur mouillage le loisir de flotter au gré du courant.
Le cours d'eau développe harmonieusement ses formes en boucles longeant Conleau et sa presqu'île.
Les tons bleu et gris-bleu de l'estran contrastent avec le vert et le jaune de la campagne environnante. Le fond du Golfe nous mène alors jusqu'au bois du
Vincin.
Habitué des lieux, mon vanneau solitaire décide alors de s'éloigner pour chercher ailleurs son repas profitant de la tranquillité de ce petit
coin de paradis.
Pensant avoir la primauté de l'endroit qu'il a choisi, il rencontre alors son ami le chevalier guignette que l'on trouve d'ordinaire rarement les pieds
dans l'eau préférant habituellement le bord de l'eau.
A l'est de la presqu'île de Conleau, nous retrouvons une autre rivière : la Marle qui relie directement le port de Vannes. Les bateaux attendent les courants
rapides de la marée montante : dans quelques heures elle envahira le Golfe qui deviendra à nouveau la Petite Mer.
Le Golfe du Morbihan à marée basse a quelque chose d'étonnant : la persistance de ses couleurs bleutées.
Il devient une vaste étendue de vase et c'est là que l'aspect esthétique est intéressant car on y découvre ses différents aspects contrastés d' un coloris uniforme.
La vase est particulièrement sensible aux sollicitations des marées, de la houle et des courants.
A chaque marée, un même lieu peut devenir différent.
Deux fois par jour, les matières en suspension se déposent en surface. Une forte activité animale microbienne attire de nombreux oiseaux limicoles.
La texture de la vase est différente en fonction des lieux. Elle se présente sous forme d'ondulations particulièrement bien visibles à contre-jour, de dépressions
plus prononcées creusant des ruisseaux ou laissant à découvert des cours d'eau comme la rivière du Vincin, la Marle ou la rivière de Noyalo véritables miroirs où se
reflètent quelques formes toujours étranges et surprenantes.
Les algues s'étendent au milieu des herbiers, refuges de quelques petits crustacés que quelques oiseaux ne manqueront pas de venir picorer.
De retour sur le bord du Vincin, visible entre les branches des pins maritimes, un rocher s'est planté là au milieu du décor.
Sur la rive d'en face, quelques vieux chênes tranquilles se regardent dans le miroir attendant le printemps qui les garnira à nouveau de leurs
feuilles pour leur donner une seconde jeunesse !
Tandis qu'un peu plus loin, la foulque et le vanneau huppé poursuivent leur repas au milieu d'un décor de peinture qui semble irréel : la
vasière du Golfe du Morbihan et sa lumière toujours aussi fantastique !
Au loin, la mer commence déjà à remonter. Bientôt, les forts courants du Golfe envahiront la vasière pour le recouvrir complètement.
La Petite Mer reprendra alors sa physionomie habituelle.